Daïmon, djinn, ange : rencontrer son autre. Ebauches d’une épopée queer et mystique

Je pub­lie ci-dessous le texte d’une con­férence don­née dans le cadre du col­loque “Les savoirs de la ren­con­tre” (18–19 octo­bre). C’est, d’une cer­taine manière, la suite ou la pro­lon­ga­tion de “Ethno­gra­phie du monde imag­i­nal : soin, éthique, poli­tique”. J’ai repris des moments pour ren­dre lis­i­ble le geste, mais j’en ai surtout prof­ité pour pré­cis­er quelques élé­ments et pour reli­er à d’autres préoc­cu­pa­tions (la ques­tion queer). Puisse votre daï­mon, qui vous cherche depuis si longtemps, vous trou­ver.

Introduction : le colloque comme entretien avec un ami

Bon­jour à tous et toutes, heureux d’être finale­ment avec vous ; j’ai douté jusqu’au bout de cette pos­si­bil­ité à cause de la grève, grève que je sou­tiens. J’aime penser que nos fam­i­liers, que nos dai­mones, que nos anges, nos djinns ont tra­vail­lé à ren­dre pos­si­ble cette ren­con­tre. J’en prof­ite pour remerci­er très chaleureuse­ment Elsa Tadier et Joëlle Le Marec, à la fois pour l’idée forte, puis­sante, rare, de ce col­loque et pour l’or­gan­i­sa­tion, la logis­tique, qui ont été impec­ca­bles du début à la fin, mal­gré une con­jonc­ture défa­vor­able. Vous per­me­t­tez aujour­d’hui à nos voix d’être enten­dues, dans un espace accous­tique d’une grande qual­ité.

Je viens d’u­tilis­er le mot “col­loque” et j’aimerais, en suiv­ant le fon­da­teur des jésuites, Saint Ignace de Loy­ala, en rap­pel­er la déf­i­ni­tion — ce que je fais main­tenant fréquem­ment ; c’est une sorte de pré­cau­tion, de pro­tec­tion mais égale­ment de rap­pel à nos mis­sions. Dans les Exer­ci­ces spir­ituels, Saint Ignace de Loy­ala écrit en 1546 : “Le col­loque est l’en­tre­tien d’un ami avec son ami.” J’aimerais donc aujour­d’hui vous inviter à un entre­tien et peut-être devien­drons-nous amis, si ce n’est déjà le cas, au cours de ce col­loque.

C’est bien d’ami­tié dont je vous par­lerai, d’al­liances, de coprésences, de rela­tions avec des êtres situés à d’autres échelles, avec lesquels il est peut-être temps de renouer, méthodique­ment et prudem­ment.

Prendre au sérieux ce qui nous arrive 

Les êtres dont je vous par­lerai sont bien con­nus ; ce sont le daï­mon, le djinn, l’ange et toutes les entités inter­mé­di­aires que les mod­ernes ont enfer­mées, peut-être à juste titre, dans la prison de l’imag­i­naire.

Con­tre cette idée, l’is­lam­o­logue et philosophe Hen­ry Corbin a rédigé quelques ouvrages fon­da­men­taux et décisifs, qui por­tent sur la mys­tique musul­mane, notam­ment irani­enne, notam­ment chi­ite ; Corbin est aus­si con­nu pour être le pre­mier tra­duc­teur français de Hei­deg­ger dans les années 50 et pour avoir lais­sé à sa mort, en 1978, une oeu­vre con­sid­érable, essen­tielle­ment des tra­duc­tions com­men­tées de textes ou de frag­ments de textes arabes, per­sans, sankrits, grecs, latins, etc. J’ai déjà eu l’oc­ca­sion, à plusieurs repris­es, d’évo­quer ses apports et de recourir à un con­cept aujour­d’hui célèbre qu’il a forgé, par oppo­si­tion à la notion d’ ”imag­i­naire”. En pro­posant le con­cept d’ ”imag­i­nal”, de “monde imag­i­nal”, il a con­tribué à réha­biliter un ensem­ble de descrip­tions, de phénomènes, d’ex­péri­ences ou d’êtres qui étaient reléguées, au mieux, dans les limbes de la phan­ta­sia, de la fan­taisie.

Si ce con­cept m’in­téresse, et si je le tra­vaille aujour­d’hui avec d’autres amies, comme Mélodie Fau­ry, c’est qu’il me per­met de pren­dre au sérieux ce que j’ex­péri­mente depuis longtemps en pra­ti­quant la médi­ta­tion, ou lorsque je suis dans des états de demi-som­meil — car, comme cer­tains d’en­tre nous, d’en­tre vous, j’ai des visions et j’en­tends des voix.

La sci­ence mod­erne, nos col­lègues, neu­ro­sci­en­tifiques ou anthro­po­logues, ont des manières utiles de penser ce qu’ils appel­lent l’endophasie, l’hyp­n­a­gogie ou la transe1Voir par exem­ple Geremia Comet­ti et al., Au seuil de la forêt: Hom­mage à Philippe Desco­la, l’anthropologue de la nature, Mire­beau-sur-Bèze, Tautem, 2019.. Mais ils ne me per­me­t­tent pas de faire quelque chose de ces visions ou de ces voix, dans une per­spec­tive par exem­ple lit­téraire, artis­tique, médi­a­tique voire poli­tique — ils n’en font, sou­vent, que des objets d’é­tude. Autrement dit : ils ne me per­me­t­tent pas de pren­dre au sérieux ce qui m’ar­rive, comme nous y invite une cer­taine philoso­phie américaine2Sandra Laugi­er, Recom­mencer la philoso­phie : Stan­ley Cavell et la philoso­phie en Amérique, Enlarged édi­tion. Paris, Vrin, 2014.. Avec les con­cepts mod­ernes d’en­dophasie, d’hyp­n­a­gogie, de transe, je n’ar­rive pas à aller au-delà de l’ex­pli­ca­tion ; tout à coup, je me ren­ferme, je me recro­queville, je me déssèche, j’ai même un peu honte de vous faire face aujour­d’hui. On n’au­rait donc affaire qu’à des croy­ances, qu’à du folk­lore, qu’à des hal­lu­ci­na­tions et toute per­son­ne qui les penserait dif­férem­ment serait aus­sitôt accusée de folie ou de char­la­tanisme.

J’aimerais au con­traire prof­iter de l’oc­ca­sion, généreuse, qui nous est don­née ici pour faire place à autre chose — et nous ver­rons alors si nos liens s’en trou­vent un peu mod­i­fiés. Car “n’y-a-t-il pas entre nous une très intime com­mu­nauté ?” se demandait le poète mys­tique Angelus Sile­sius au 17e siècle3Angelus Sile­sius,  Le Voyageur chéru­binique, Edi­tions Pay­ot & Rivages, 2004..

Les énon­cés, les voix internes que j’en­tends en médi­ta­tion, en auto-hyp­nose, peu­vent pren­dre des formes très var­iées, de la petite sen­tence, de la maxime, du haïku, du koan zen jusqu’à, en effet, l’énigme. Quelques cita­tions, par­mi un cor­pus de cen­taines de phras­es, retran­scrites de 2019 à aujour­d’hui :

Or, des élé­ments spa­tio-tem­porels sont petit à petit apparus ; des déic­tiques, comme on dit en lin­guis­tique. Générale­ment, leur fonc­tion est de situer les sujets d’une inter­ac­tion, pour qu’elle ait lieu dans de bonnes con­di­tions, à par­tir des indices de la sit­u­a­tion. C’est la rai­son pour laque­lle, par exem­ple, mon père me demande tou­jours au télé­phone : “Tu es où ?” Mais les indices apparus dans mes séances de médi­ta­tion ou d’au­to-hyp­nose étaient assez voire franche­ment obscurs.

Je cite :

Bien enten­du, on peut repér­er des élé­ments de ma biogra­phie per­son­nelle, prob­a­ble­ment des traces d’un incon­scient col­lec­tif, on peut jouer avec les homo­phonies psy­ch­an­a­ly­tiques ou les don­nées socio-his­toriques, mais, là encore, j’aimerais que nous ne râtions pas l’oc­ca­sion de faire un pas de côté.

Propriétés du monde imaginal : le “Pays-du-Non-Où”

Dans un texte daté de 19604Henry Corbin, “Mundus imag­i­nalis ou l’imaginaire et l’imaginal” dans Face de Dieu, face de l’homme. Her­méneu­tique et soufisme, Paris , Édi­tions Entrelacs, 1983[1964], p. 27–58., Hen­ry Corbin syn­thé­tise ses recherch­es sur le “monde imag­i­nal”, jusque-là éclatées dans de nom­breux ouvrages, très savants. En quoi ce con­cept peut nous être utile pour penser la ren­con­tre et qu’en­tendaient par là les mys­tiques musul­mans du 12e au 17e s ? Dans mes séances de médi­ta­tion, dans mes états de demi-som­meil ou de disponi­bil­ité à ce qui est, je n’ai pas seule­ment des visions et je n’en­tends pas seule­ment des énon­cés, des voix internes ; des êtres se présen­tent par­fois avec un nom et un prénom ; par exem­ple :

Faudrait-il, là encore, bal­ay­er d’un revers de main ce qui se présente à nous, ce qui demande man­i­feste­ment à se dire, à être con­nu ? Que se passerait-il si nous fai­sions bon accueil à ce qui nous arrive ? Et com­ment le faire, sachant que nous avons per­du un cer­tain nom­bre des savoirs anthro­pologiques, qui nous per­me­t­traient, col­lec­tive­ment, d’ac­cueil­lir ces forces, ces autres. Dans ce cadre, il nous faut d’abord appren­dre à les con­naître et à les voir. Or, le “monde imag­i­nal” offre quelques pris­es.

C’est d’abord un monde inter­mé­di­aire, situé entre le monde des sens, empirique et le monde intel­li­gi­ble, con­ceptuel ; le monde imag­i­nal est le monde de l’âme, le mâlâkût où, nous dit Corbin, a eu lieu l’ensem­ble des gestes, l’ensem­ble des énon­cés, l’ensem­ble des réc­its, l’ensem­ble des formes, l’ensem­ble des vies de l’hu­man­ité — on croit ici recon­naître l’Aleph de Borges. Ce monde est un lieu sans coor­don­nées, qui se présente de manière capricieuse, frac­tale ; c’est un lieu, nous dit Hen­ry Corbin, qui n’est pas situé mais qui situe ; c’est, pour repren­dre Sohrawar­di, le mys­tique du 12e s, “Le Pays du Non-Où”.

Pour le dire autrement et dans un vocab­u­laire plus con­tem­po­rain : c’est le lieu de nos pos­si­bles, où jail­lis­sent con­tin­uelle­ment des nou­veautés (Berg­son) ; c’est là que rési­dent nos vir­tu­al­ités, l’ensem­ble des lignes que nos vies pour­raient pren­dre, si nous avions un peu plus d’imag­i­na­tion. En effet, ce n’est que par l’imag­i­na­tion que nous pou­vons y accéder — cette imag­i­na­tion con­stitue un organe de per­cep­tion, au même titre que l’oeil. Car par “imag­i­na­tion”, il ne faut pas enten­dre “imag­i­naire”, ou “pro­jec­tion men­tale inten­tion­nelle”, comme on le dirait rapi­de­ment du tra­vail d’un écrivain ou d’un pein­tre ; il s’ag­it, par des tech­niques spé­ci­fiques (la médi­ta­tion, par exem­ple), de laiss­er des images, des voix, jail­lir d’elles-mêmes, jusqu’à nous tra­vailler de l’in­térieur, jusqu’à un état d’indéf­i­ni­tion ou d’indicern­abil­ité, comme le décrivent les femmes taoïstes5Catherine Despeux, Pra­tiques des femmes taoïstes, Paris, Deux oceans, 2013. et la théolo­gie dite néga­tive ou apopha­tique — tous ceux qui ont fait un peu d’hyp­nose savent de quoi je par­le. Cette expéri­ence est spir­ituelle et phénoménologique ; elle est admirable­ment résumée par un vers du poète Georges Schehadé :

C’est pourquoi le “monde imag­i­nal” se dis­tingue stricte­ment de l’u­topie, des fab­u­la­tions spécu­la­tives, des rêver­ies sociales et poli­tiques. Il n’y a rien à imag­in­er pour y accéder ; il suf­fit, au con­traire, de se laiss­er instru­ire par l’imag­i­na­tion elle-même, voire de se laiss­er pos­séder par elle, pour fon­dre à l’ar­rière-plan, pour vider son tem­ple et don­ner l’op­por­tu­nité à autre chose de l’habiter un temps. C’est toute la per­spec­tive d’une théolo­gie comme celle de Maître Eck­hart (1260–1328), très proche de la mys­tique musul­mane irani­enne, où le vide est un principe moteur : nous devons appren­dre à l’habiter et à le laiss­er nous habiter ; nous n’avons besoin de rien d’autre ; tous les “exer­ci­ces spir­ituels” (Pierre Hadot), de res­pi­ra­tion, de posi­tion­nements cor­porels, sont certes utiles mais rapi­de­ment super­flus. Je rejoins ici la posi­tion d’une Madame Guyon6Madame de Guy­on, Écrits sur la vie intérieure, Orbey, Arfuyen, 2005., mys­tique du 17e siè­cle.

On décou­vri­ra dans ce tem­ple ou dans “ce monde imag­i­nal” une topogra­phie réelle, une géo­gra­phie objec­tive nous dit Hen­ry Corbin, un lieu qui nous expulse certes de nous-mêmes, mais qui n’est acces­si­ble que par nous-mêmes, par un piv­ote­ment lent, intime, intérieur sur nous-mêmes. “Si tu aban­donnes le monde, tu entr­eras dans cela de quoi le monde a été fait” écrit Jakob Böhme au 17e s7Jacob Bohme, De la vie au-delà des sens, Orbey Paris, Arfuyen, 2013., lui aus­si très proche des mys­tiques musul­mans. Ces derniers font une descrip­tion pré­cise de ce monde inter­mé­di­aire, qui s’ap­par­ente à une île verte :

Sur cette île se trou­ve une cité, un tem­ple, un arbre mythique, des gou­verneurs et… un jeune homme :

Qui est-il ? Générale­ment, le nar­ra­teur des réc­its mys­tiques se réveille en ayant oublié cette ren­con­tre pour­tant déci­sive, joyeuse ; mais il en garde une trace nos­tal­gique et le sen­ti­ment gnos­tique d’avoir enfin retrou­vé les siens.

Le nar­ra­teur, comme nous, comme Ver­laine, sait au fond qui est cette femme ou cet homme incon­nu, ni tout à fait le même ni tout à fait un autre. Cet être, l’autre soi-même, c’est l’ange, le djinn ou le daï­mon que les mys­tiques chi­ites appel­lent l’ ”îmam caché”.

Daïmôn, djinn et ange dans les traditions monothéistes

Il existe aujour­d’hui une lit­téra­ture uni­ver­si­taire assez ver­tig­ineuse sur ces êtres inter­mé­di­aires. La bib­li­ogra­phie est trop imposante pour avoir la pré­ten­tion de la syn­thé­tis­er aujour­d’hui. Je retiendrai seule­ment quelques élé­ments utiles, avant de revenir à Corbin.

Le daïmôn, d’abord, a été pop­u­lar­isé par la fig­ure de Socrate. Le philosophe évoque, à plusieurs repris­es dans les dia­logues de Pla­ton, une voix, une image autonomes qui sur­git, qui le guide et l’in­spire. Mais on la retrou­ve bien avant Pla­ton, bien avant Socrate et bien après eux. Le daïmôn désigne alors une “puis­sance régu­la­trice”, une “puis­sance divine”, une “divinité du des­tin” qui inter­vient dans les affaires humaines : il rétablit l’équili­bre, “fait altern­er équitable­ment la for­tune et l’in­for­tune”, “habite et tran­scende l’in­di­vidu”, peut occu­per dif­férentes formes et fonc­tions (esprit vengeur, farceur, âme des défunts, etc.) — je vous ren­voie ici à l’é­tude magis­trale et récente d’An­drei Timotin8Andréi Tim­o­tin, La démonolo­gie pla­toni­ci­enne: His­toire de la notion de dai­mon de Pla­ton aux derniers néo­pla­toni­ciens, Lei­den ; Boston, Brill, 2012., ain­si qu’aux travaux de Vin­ciane Pirenne-Delforge. Avec Pla­ton, le daïmôn oscille entre une force extérieure et intérieure, jusqu’à pren­dre la forme du “démon per­son­nel” — les auteurs des siè­cles suiv­ants chercheront un équili­bre entre ces deux voies, en posant un cer­tain nom­bre de ques­tions : chaque indi­vidu naît-il avec un daïmôn, qu’il doit décou­vrir ? Si c’est le cas doit-on lui vouer un culte ? N’est-il qu’un être ou qu’une métaphore des instincts trou­bles qui ani­ment tout indi­vidu et qu’il doit appren­dre à maîtris­er ? L’oscil­la­tion de ces ques­tions est indexée sur les nou­velles con­cep­tions de l’in­di­vidu, de la per­son­ne, de la con­science, de l’âme qui met­tent des cen­taines d’an­nées à cir­culer, à se sta­bilis­er, à se faire, à se défaire. C’est le pas­sage, très fin, entre “avoir un daïmôn” et “être un daïmôn”, selon la for­mule de Mar­cel Détienne9Marcel Deti­enne, La Notion de Daï­mon dans le pythagorisme ancien: De la pen­sée religieuse à la pen­sée philosophique, Les Belles Let­tres, 2021..

Le judaïsme et le chris­tian­isme vont hérit­er de ces con­cep­tions, les retra­vailler, les pop­u­laris­er, en dis­tin­guant notam­ment deux fig­ures (je car­i­ca­ture : l’ange et le démon) aux­quelles vont être asso­ciés des rit­uels de con­vo­ca­tion, de con­ju­ra­tion ou de congédiation10Yoram Bilu, “Dyb­buk and Mag­gid: Two Cul­tur­al Pat­terns of Altered Con­scious­ness in Judaism”, AJS Review, 21(2), 1996, p. 341–366 ; Gideon Bohak, “Anges et démons” dans Magie. Anges et démons dans la tra­di­tion juive, Paris, Flammarion/Musée d’art et d’his­toire du Judaïsme, p. 27–38.. Dans l’an­tiq­ui­té, notam­ment juive, on appre­nait à entretenir des rela­tions avec ces entités, par le truche­ment de la matière quotidienne11Mika Ahu­via, On My Right Michael, On My Left Gabriel: Angels in Ancient Jew­ish Cul­ture, 2021. : des bols, des amulettes, sur lesquelles pou­vaient être inscrites des for­mules, des invo­ca­tions. Dans le Chris­tian­isme des moines du désert12Ellen Muehlberg­er, Angels in Late Ancient Chris­tian­i­ty, New York, OUP USA, 2013 ; Philippe Fau­re, “Ange bon et ange mau­vais des Pères de l’Église au Moyen Âge” dans Jean-Patrice Boudet et Chris­t­ian Renoux (éd.), De Socrate à Tintin : Anges gar­di­ens et démons fam­i­liers de l’Antiquité à nos jours, His­toire, Rennes, Press­es uni­ver­si­taires de Rennes, 2019, Adresse : http://books.openedition.org/pur/121449, ces êtres inter­mé­di­aires ser­vent un pro­gramme spir­ituel : assis­ter l’in­di­vidu dans la voie du per­fec­tion­nement ; cet indi­vidu devient un théâtre où des forces se livrent un com­bat per­ma­nent et trou­vent un point d’équili­bre dans la prière. La fig­ure du daîmôn est alors rap­prochée de l’ange, du guide et il est pos­si­ble, au Moyen Âge, de s’en pro­cur­er un13Anna Caioz­zo, “Anges gar­di­ens et démons fam­i­liers dans les man­u­scrits enlu­minés de l’Orient médié­val” dans Jean-Patrice Boudet, Philippe Fau­re et Chris­t­ian Renoux (éd.), De Socrate à Tintin : Anges gar­di­ens et démons fam­i­liers de l’Antiquité à nos jours, His­toire, Rennes, Press­es uni­ver­si­taires de Rennes, 2019. Adresse : http://books.openedition.org/pur/121461. Qui est-il ? C’est l’autre face de l’homme, sa face divine, qu’il s’ag­it de recon­quérir.

Dans la tra­di­tion musul­mane, sur laque­lle je reviendrai plus longue­ment, le con­tact avec ces êtres est proscrit14Jean-Charles Coulon, La magie en terre d’islam au Moyen Age, Paris, Comité des travaux his­toriques et sci­en­tifiques — CTHS, 2017., lorsqu’ils pren­nent la forme de djinns, c’est-à-dire d’en­tités proches des hommes — ce sont leurs dou­bles maléfiques15Pierre Lory, “Esprits ter­restres (djinns) et rela­tions sex­uelles en islam tra­di­tion­nel” dans Jean-Patrice Boudet, Philippe Fau­re et Chris­t­ian Renoux (éd.), De Socrate à Tintin : Anges gar­di­ens et démons fam­i­liers de l’Antiquité à nos jours, His­toire, Rennes, Press­es uni­ver­si­taires de Rennes, 2019. Adresse : http://books.openedition.org/pur/121455, obscurs, qui errent dans le désert, qui peu­vent pren­dre des formes var­iées, trou­bles, pour tromper leurs vic­times, au point de les ren­dre folles16“Génies” dans Dic­tio­n­naire du Coran, Robert Laf­font, 2007.. Mais ces djinns peu­vent égale­ment con­seiller les humains, devenir leur guide17Jalil Ben­nani, Des djinns à la psy­ch­analyse: Nou­velle approche des pra­tiques tra­di­tion­nelles et con­tem­po­raines, Dijon, Les Press­es du réel, 2022.. De la même manière, les anges entre­ti­en­nent des rela­tions com­plex­es, sou­vent con­vo­qués dans les réc­its soufis18Louise Gal­lori­ni, “The Sym­bol­ic “Func­tion of Angels in the Qur’an and Sufi Lit­ter­a­ture”, Thèse de doc­tor­at, Uni­ver­sité de Bey­routh, 2021. ; ils occu­pent une fonc­tion ini­ti­a­tique, néces­saire­ment et prudem­ment gradu­elle, mar­quée par le pas­sage d’une étape à une autre, d’une mon­tagne à une autre (dans Le Lan­gage des oiseaux d’At­tar, par exem­ple) ou d’une “sta­tion” à une autre.

Comme on le voit, la ligne de partage entre ange et djinn, entre bon et mau­vais est donc loin d’être claire et net­te­ment tranchée ; elle admet des gammes inter­mé­di­aires, jusqu’à l’as­so­ci­a­tion voire l’ac­cou­ple­ment mythique avec ces êtres19Yuval Harari, “Principes de la magie juive, croy­ances et pra­tiques” dans Magie. Anges et démons dans la tra­di­tion juive, Paris, Flammarion/Musée d’art et d’his­toire du Judaïsme, 2015.Pierre Lory, “Esprits ter­restres (djinns) et rela­tions sex­uelles en islam tra­di­tion­nel” dans Jean-Patrice Boudet, Philippe Fau­re et Chris­t­ian Renoux (éd.), De Socrate à Tintin : Anges gar­di­ens et démons fam­i­liers de l’Antiquité à nos jours, His­toire, Rennes, Press­es uni­ver­si­taires de Rennes, 2019. Adresse : http://books.openedition.org/pur/121455. De la même manière, le recours à ces êtres fait l’ob­jet d’un juge­ment ou d’un traite­ment para­dox­aux : il est autorisé selon cer­taines con­di­tions, qui cor­re­spon­dent aux normes du moment (on peut, par exem­ple, utilis­er la magie pour faire revenir un mari trop libre20Gideon Bohak, “Anges et démons” dans Magie. Anges et démons dans la tra­di­tion juive, Paris, Flammarion/Musée d’art et d’his­toire du Judaïsme, p. 27–38.). Bref, si les tra­di­tions monothéistes (et les autres) nous inci­tent à la pru­dence, elles nous invi­tent égale­ment à inve­stir ces rela­tions — ou ces agence­ments, ces matri­ces de sens -, au moins à titre exploratoire.

Êtres imaginaux et terrains de recherche

J’ex­plore aujour­d’hui cette voie, aus­si bien d’un point de vue per­son­nel que sci­en­tifique : en met­tant pro­gres­sive­ment en place — ou en trou­vant — des règles, qui sont néces­saires, lorsqu’on dèsta­bilise ain­si des matri­ces de sens, des ordres. Dans mon cas, ces deux lignes — recherche et per­son­nel — se mêlent con­tin­uelle­ment. On pour­rait par­ler, avec Mer­leau-Pon­ty, d’une “unité d’empiètement” : sur mes ter­rains de recherche, qui sont par­fois des tranch­es de vie, des daï­mones sur­gis­sent, pour me prévenir, pour me met­tre en garde. Pour le dire autrement et de manière plus con­tem­po­raine : j’ai dévelop­pé une forme d’ ”atten­tion écologique” — la for­mule est de François Roustang21François Rous­tang, Qu’est-ce que l’hypnose ?, Minu­it, 2003.. Ce type d’at­ten­tion, autonome, se car­ac­térise par le rassem­ble­ment de signes épars­es dans une sit­u­a­tion sociale et par leur syn­thèse sous la forme d’une image, d’un rébus. Je tra­vaille, par exem­ple, sur la fétichi­sa­tion raciale, sur le racisme sex­uel dans les com­mu­nautés homossexuelles22Marc Jah­jah, ““T’es intel­li­gent pour un arabe !“Auto-ethno­gra­phie d’un corps colonisé””, Itinéraires. Lit­téra­ture, textes, cul­tures,  2022. Adresse : https://journals.openedition.org/itineraires/11748?lang=en. Or, plus d’une fois, en ren­con­trant cer­tains hommes, mon daïmôn s’est agité, a bon­di, les a instan­té­ment représen­tés sous la forme d’an­i­maux dan­gereux. À d’autres moments, seul, j’ai inter­rogé mon daïmôn, pour savoir à qui j’avais eu réelle­ment affaire, après une ren­con­tre avec une per­son­ne. J’ai man­i­feste­ment pra­tiqué ce que Jung appelait l’imag­i­na­tion active, que j’ap­pelle plutôt la “con­ver­sa­tion écologique” : elle con­siste à pren­dre du plaisir à pass­er du temps avec ces êtres inter­mé­di­aires, dis­tribués dans l’e­space sen­soriel, pour les inter­roger, pour en faire des alliés.

Nous ne pou­vons cepen­dant pas leur ouvrir la porte aus­si imprudem­ment. Les Pères du désert nous prévi­en­nent : le risque c’est de gliss­er dans des matri­ces de sens pour lesquelles nous n’avons pas les savoirs anthro­pologiques, con­traire­ment aux chamanes, aux prêtres, aux imams, aux exor­cistes taoïstes ; le risque qui nous guette, c’est la “para-noïa”, le fait d’être éty­mologique­ment “à côté de son intel­li­gence”23Pierre Miquel, Lex­ique du désert, Bégrolles-en-Mauges, Maine-&-Loire, Edi­tions de Belle­fontaine, 1997..

Nous donc voilà pris dans la dialec­tique de toute quête mys­tique : quelque chose débor­de, demande à se dire24Michel de Certeau, La fable mys­tique, 1 : XVIe — XVI­Ie siè­cle, Paris, Gal­li­mard, 1987. ; mais le dire réveille des forces trop puis­santes sociale­ment, parce qu’elles desta­bilisent les ordres du réel, les cadres de l’ex­péri­ence (Goff­man). Alors que faire ?

Ebauches d’une épopée queer et mystique

J’aimerais ter­min­er ce par­cours en dessi­nant un pro­gramme de tra­vail, où se ren­con­trent le daïmôn, le djinn et l’ange. Avec Mélodie Fau­ry, qui inter­vien­dra juste après, nous avons com­mencé, prudem­ment, petit à petit, à les mobilis­er, par exem­ple dans des per­for­mances col­lec­tives, rit­u­al­isées, dans un fes­ti­val en anthro­polo­gie du lan­gage à Bor­deaux :

, par exem­ple dans des per­for­mances artis­tiques, en ASMR, sur YouTube, où nous avons fait enten­dre ces voix que nous enten­dons :

Nous recour­rons aujour­d’hui à l’in­tel­li­gence (dite) arti­fi­cielle pour les matéri­alis­er sur les réseaux (dits) soci­aux, pour leur don­ner forme, pour trouer ces espaces stan­dard­is­és et en inter­rompre l’esthé­tique ron­ron­nante, en réu­til­isant des codes ou des formes dom­i­nantes pour capter l’at­ten­tion, avant de la réveiller. Ici, nous lais­sons les daï­mones, les djinns et les démons hanter les réseaux, qui peu­vent d’ailleurs pren­dre la forme de nos proches, par­fois morts, en demande répétée d’in­car­na­tion :

Mais nous le faisons avec des règles, avec loy­auté ; avec eux :

Comme vous pou­vez le con­stater, Claude Ser­ret est finale­ment devenu un microscape, un rassem­ble­ment de don­nées épars­es trou­vées sur dif­férents espaces doc­u­men­taires, que j’ai con­cen­trées dans une minia­ture, dans un cadre fic­tion­nel, qui con­tient main­tenant cet être. Car un être flou, vague, lorsqu’il est nom­mé voit son pou­voir de nui­sance amoin­dri — c’est du moins ce que nous enseignent les exor­cistes taoïstes du Moyen Âge25Vincent Goos­saert, Vies des saints exor­cistes: Hagiogra­phies taoïstes, XIe-XVIe siè­cles, Paris, Belles Let­tres, 2021..

Ne per­dons-nous cepen­dant pas ici la puis­sance de l’imag­i­nal, sa force de déroute ? Com­ment la main­tenir intacte sans nous met­tre en péril ? Com­ment faire par­ticiper pleine­ment l’in­ter­monde à nos vies ? Il faut peut-être ici revenir aux leçons d’Hen­ry Corbin sur l’ange26Henry Corbin, L’Archange empour­pré, Paris, Fayard, 1976. Il s’ag­it d’une antholo­gie de traités mys­tiques deShi­hâbôd­dîn Yahyâ Sohravardî (12e siè­cle). On pour­ra aus­si con­sul­ter : Hen­ry Corbin, L’homme et son ange, Paris, Fayard, 1983 etHen­ry Corbin Face de Dieu, face de l’Homme — Her­méneu­tique et soufisme, Paris, Entrelacs, 2008.. Il est bien plus qu’un daïmôn per­son­nel : l’ange, c’est la face du divin, c’est le miroir défor­mé dans lequel je peux me regarder sans m’anéan­tir et dont le divin a besoin pour se main­tenir. L’ange est donc un principe de recon­nais­sance réciproque ; c’est le jumeau : il me con­duit vers un “Moi à la sec­onde per­son­ne” (Corbin), une fois que s’est opérée la trans­for­ma­tion intérieure, l’alchimie interne.

Glo­ria Anzal­d­ua, la grande écrivaine queer des années 80 le dit mag­nifique­ment, comme d’autres (je pense aus­si à Bell Hooks ou à Audre Lorde et à leur mobil­i­sa­tion d’un daïmôn : Eros). Je la cite :

Ecrire revient à me fab­ri­quer une âme, à de l’alchimie. C’est une quête de soi, que nous femmes de couleur, sommes venues à penser comme un ”autre” — la noirceur, le féminin. N’avons-nous pas com­mencé à écrire pour nous réc­on­cili­er avec cet autre au coeur de nous-mêmes ? 27dans Femmes, race et décoloni­sa­tion, Etero­topia, 2022.

On n’a pas assez vu ici les liens entre la théorie queer et la mys­tique, entre cet ensem­ble d’au­teures qui ont pen­sé la sub­al­ter­nité aux tour­nants des années 70–80 et tous ceux, toutes celles, parti•es en quête du divin. On peut résumer ces liens par une for­mule : dans un cas, comme dans l’autre, il s’ag­it de pré­cis­er notre indéf­i­ni­tion, d’ex­péri­menter un état ou une con­di­tion vague, flottant•e, visqueux•se, moins par la reven­di­ca­tion d’une iden­tité que par l’ex­plo­ration con­tin­ue des par­ties qui l’indéter­mi­nent.

C’est cette aven­ture, typ­ique­ment gnos­tique, qu’il s’ag­it d’in­car­n­er : com­ment sommes-nous revenus chez nous ? Et quelle sera la forme la plus appro­priée ? Un vers du poète Rilke nous donne une piste intéres­sante. Je le cite :

suis-je fau­con, tem­pête,
ou un immense chant28Rainer Maria Rilke Le Livre de la vie monas­tique, Paris, Arfuyen, 2019.

On retrou­ve ici l’idée de l’indéf­i­ni­tion : tout par­ticipe du même quoique séparé­ment, tout retourne à l’ar­rière-plan ; je ne suis plus qu’une ruche qui bour­donne. Ce bour­don­nement, cet “immense chant”, c’est l’épopée, mais une épopée d’un genre par­ti­c­uli­er nous dit Hen­ry Corbin ; une épopée mys­tique et non plus héroïque ou historique29Henry Corbin, “De l’épopée héroïque à l’épopée mys­tique” dans Face de Dieu, face de l’homme. Her­méneu­tique et soufisme, Paris, Entrelacs, 2008.. Elle con­siste à célébr­er les étapes qui mènent à la décou­verte de cet autre, de visions en visions, de signes en signes, de voix en voix, dans un mou­ve­ment où la quête est sans fin ; car c’est l’enquête ici qui importe. C’est peut-être l’en­seigne­ment prin­ci­pal de la mys­tique et de la con­di­tion queer : à l’in­verse des indus­tries médi­a­tiques et du com­men­taire, elles nous invi­tent moins à “camper une pos­ture” qu’à “faire place” à cet autre ; moins “à par­ler” en notre nom qu’à “faire parole”.

S’il est réelle­ment enten­du, cet appel peut con­tribuer à réé­val­uer notre approche des savoirs : dès lors, ils ne peu­vent plus être pen­sés comme l’ensem­ble des moyens qui nous per­me­t­tent d’a­gir sur le monde, pour générale­ment l’araison­ner, le soumet­tre, le pos­séder, l’in­stru­men­talis­er, l’asservir, l’ex­traire ; les savoirs sont, bien plus, ce qui nous agit, ce qui nous creuse et nous rem­plit. Nous seri­ons bien indiqués de dévelop­per cette pra­tique imag­i­nale des savoirs.

Je vous remer­cie de votre atten­tion.”

Notes   [ + ]

1. Voir par exem­ple Geremia Comet­ti et al., Au seuil de la forêt: Hom­mage à Philippe Desco­la, l’anthropologue de la nature, Mire­beau-sur-Bèze, Tautem, 2019.
2. Sandra Laugi­er, Recom­mencer la philoso­phie : Stan­ley Cavell et la philoso­phie en Amérique, Enlarged édi­tion. Paris, Vrin, 2014.
3. Angelus Sile­sius,  Le Voyageur chéru­binique, Edi­tions Pay­ot & Rivages, 2004.
4. Henry Corbin, “Mundus imag­i­nalis ou l’imaginaire et l’imaginal” dans Face de Dieu, face de l’homme. Her­méneu­tique et soufisme, Paris , Édi­tions Entrelacs, 1983[1964], p. 27–58.
5. Catherine Despeux, Pra­tiques des femmes taoïstes, Paris, Deux oceans, 2013.
6. Madame de Guy­on, Écrits sur la vie intérieure, Orbey, Arfuyen, 2005.
7. Jacob Bohme, De la vie au-delà des sens, Orbey Paris, Arfuyen, 2013.
8. Andréi Tim­o­tin, La démonolo­gie pla­toni­ci­enne: His­toire de la notion de dai­mon de Pla­ton aux derniers néo­pla­toni­ciens, Lei­den ; Boston, Brill, 2012.
9. Marcel Deti­enne, La Notion de Daï­mon dans le pythagorisme ancien: De la pen­sée religieuse à la pen­sée philosophique, Les Belles Let­tres, 2021.
10. Yoram Bilu, “Dyb­buk and Mag­gid: Two Cul­tur­al Pat­terns of Altered Con­scious­ness in Judaism”, AJS Review, 21(2), 1996, p. 341–366 ; Gideon Bohak, “Anges et démons” dans Magie. Anges et démons dans la tra­di­tion juive, Paris, Flammarion/Musée d’art et d’his­toire du Judaïsme, p. 27–38.
11. Mika Ahu­via, On My Right Michael, On My Left Gabriel: Angels in Ancient Jew­ish Cul­ture, 2021.
12. Ellen Muehlberg­er, Angels in Late Ancient Chris­tian­i­ty, New York, OUP USA, 2013 ; Philippe Fau­re, “Ange bon et ange mau­vais des Pères de l’Église au Moyen Âge” dans Jean-Patrice Boudet et Chris­t­ian Renoux (éd.), De Socrate à Tintin : Anges gar­di­ens et démons fam­i­liers de l’Antiquité à nos jours, His­toire, Rennes, Press­es uni­ver­si­taires de Rennes, 2019, Adresse : http://books.openedition.org/pur/121449
13. Anna Caioz­zo, “Anges gar­di­ens et démons fam­i­liers dans les man­u­scrits enlu­minés de l’Orient médié­val” dans Jean-Patrice Boudet, Philippe Fau­re et Chris­t­ian Renoux (éd.), De Socrate à Tintin : Anges gar­di­ens et démons fam­i­liers de l’Antiquité à nos jours, His­toire, Rennes, Press­es uni­ver­si­taires de Rennes, 2019. Adresse : http://books.openedition.org/pur/121461
14. Jean-Charles Coulon, La magie en terre d’islam au Moyen Age, Paris, Comité des travaux his­toriques et sci­en­tifiques — CTHS, 2017.
15. Pierre Lory, “Esprits ter­restres (djinns) et rela­tions sex­uelles en islam tra­di­tion­nel” dans Jean-Patrice Boudet, Philippe Fau­re et Chris­t­ian Renoux (éd.), De Socrate à Tintin : Anges gar­di­ens et démons fam­i­liers de l’Antiquité à nos jours, His­toire, Rennes, Press­es uni­ver­si­taires de Rennes, 2019. Adresse : http://books.openedition.org/pur/121455
16. “Génies” dans Dic­tio­n­naire du Coran, Robert Laf­font, 2007.
17. Jalil Ben­nani, Des djinns à la psy­ch­analyse: Nou­velle approche des pra­tiques tra­di­tion­nelles et con­tem­po­raines, Dijon, Les Press­es du réel, 2022.
18. Louise Gal­lori­ni, “The Sym­bol­ic “Func­tion of Angels in the Qur’an and Sufi Lit­ter­a­ture”, Thèse de doc­tor­at, Uni­ver­sité de Bey­routh, 2021.
19. Yuval Harari, “Principes de la magie juive, croy­ances et pra­tiques” dans Magie. Anges et démons dans la tra­di­tion juive, Paris, Flammarion/Musée d’art et d’his­toire du Judaïsme, 2015.Pierre Lory, “Esprits ter­restres (djinns) et rela­tions sex­uelles en islam tra­di­tion­nel” dans Jean-Patrice Boudet, Philippe Fau­re et Chris­t­ian Renoux (éd.), De Socrate à Tintin : Anges gar­di­ens et démons fam­i­liers de l’Antiquité à nos jours, His­toire, Rennes, Press­es uni­ver­si­taires de Rennes, 2019. Adresse : http://books.openedition.org/pur/121455
20. Gideon Bohak, “Anges et démons” dans Magie. Anges et démons dans la tra­di­tion juive, Paris, Flammarion/Musée d’art et d’his­toire du Judaïsme, p. 27–38.
21. François Rous­tang, Qu’est-ce que l’hypnose ?, Minu­it, 2003.
22. Marc Jah­jah, ““T’es intel­li­gent pour un arabe !“Auto-ethno­gra­phie d’un corps colonisé””, Itinéraires. Lit­téra­ture, textes, cul­tures,  2022. Adresse : https://journals.openedition.org/itineraires/11748?lang=en
23. Pierre Miquel, Lex­ique du désert, Bégrolles-en-Mauges, Maine-&-Loire, Edi­tions de Belle­fontaine, 1997.
24. Michel de Certeau, La fable mys­tique, 1 : XVIe — XVI­Ie siè­cle, Paris, Gal­li­mard, 1987.
25. Vincent Goos­saert, Vies des saints exor­cistes: Hagiogra­phies taoïstes, XIe-XVIe siè­cles, Paris, Belles Let­tres, 2021.
26. Henry Corbin, L’Archange empour­pré, Paris, Fayard, 1976. Il s’ag­it d’une antholo­gie de traités mys­tiques deShi­hâbôd­dîn Yahyâ Sohravardî (12e siè­cle). On pour­ra aus­si con­sul­ter : Hen­ry Corbin, L’homme et son ange, Paris, Fayard, 1983 etHen­ry Corbin Face de Dieu, face de l’Homme — Her­méneu­tique et soufisme, Paris, Entrelacs, 2008.
27. dans Femmes, race et décoloni­sa­tion, Etero­topia, 2022.
28. Rainer Maria Rilke Le Livre de la vie monas­tique, Paris, Arfuyen, 2019.
29. Henry Corbin, “De l’épopée héroïque à l’épopée mys­tique” dans Face de Dieu, face de l’homme. Her­méneu­tique et soufisme, Paris, Entrelacs, 2008.