Ethnographie de l’écriture imaginale : soin, éthique, politique

(À mes ami.e.s ; aux êtres imag­in­aux)

J’ai par­ticipé le 21 mai 2021 au sémi­naire d’Em­manuel Souch­i­er et Anne Zali, “Chemins d’écri­t­ures”, qui por­tait cette année sur la “résis­tance” — le sémi­naire existe depuis 7 ans main­tenant. La con­férence devrait être pub­liée quelque part, sous une forme plus académique — je tiens néan­moins à en garder une trace libre, anar­chique, d’au­tant que quelques col­lègues m’avaient demandé d’y assis­ter. Un beau sou­venir déjà, avec un accueil assez rare — mer­ci à Emmanuel et Anne pour leur con­fi­ance. Pen­dant la con­férence, un col­lègue et ami (Gus­ta­vo Gomez-Mejia) a fait une très belle car­togra­phie des con­cepts mobil­isés, des phras­es enten­dues : mer­ci à lui, à toi, d’avoir su pren­dre si bien soin de ce qui n’est encore qu’une ébauche d’une intu­ition, l’écri­t­ure imag­i­nale.

Je vous laisse avec le texte de la con­férence, entre­coupé des dia­pos­i­tives qui ont servi de sup­port et en sautant les pre­mières 5 min­utes de remer­ciements, de jus­ti­fi­ca­tions du sujet — en effet, 2 semaines avant, j’ai pro­posé à Emmanuel et Anne de tra­vailler plutôt sur le monde imag­i­nal, au lieu de l’ethno­gra­phie de l’édi­tion et de la lit­téra­ture numériques ini­tiale­ment prévue.

Les voix que j’entends

Je ne dévelop­perai pas plus ces élé­ments. J’ai préféré faire d’un sémi­naire ce qu’il est et devrait rester, que vous défend­ez : une pépinière, un “principe vital”, selon la belle éty­molo­gie, où l’on sème des graines. Ce qui est de moins en moins le cas des col­lo­ques, ces gross­es usines uni­ver­si­taires, où nous défilons tous les uns après les autres — Nous avons per­du le sens du mot “col­loque” que rap­pelle Saint Ignace de Loy­ola dans ses Exer­ci­ces spir­ituels, un texte qui date de 1548. Je le cite :

Le col­loque est l’en­tre­tien d’un ami avec son ami.

Il relève de la con­ver­sa­tion, c’est-à-dire du plaisir à pass­er du temps ensem­ble, selon l’ex­pres­sion heureuse de San­dra Laugi­er. J’e­spère pou­voir y par­ticiper et vous y voir par­ticiper, dans l’échange que nous aurons, qui a débuté.

Si je com­mence ma présen­ta­tion ou ma con­ver­sa­tion de cette manière, ce n’est pas unique­ment par souci rhé­torique, pour capter votre bien­veil­lance ; je sais ici que je n’en ai pas besoin. C’est surtout pour évo­quer la manière dont je tra­vaille depuis 2–3 ans et ce que je vis, qui m’a amené à for­muler une nou­velle propo­si­tion pour votre pépinière, votre sémi­naire ; je n’ai fait que me soumet­tre à ma néces­sité. Car depuis 2–3 ans, j’en­tends des voix, qui se sont mêlées pro­gres­sive­ment, à mesure que je leur fai­sais de la place et qu’elles en pre­naient, à mon proces­sus de tra­vail, d’écri­t­ure, à mes inter­ac­tions, à mes recherch­es, à mes enseigne­ments, jusqu’à les recon­fig­ur­er, sans être pour autant envahissantes. Ce que j’aimerais donc aujour­d’hui, c’est vous racon­ter ces voix et ma tra­jec­toire qui m’a per­mis de les entremêler à mes recherch­es sur l’écri­t­ure et à ce que j’ap­pelle, avec d’autres, les arts de résis­tance, c’est-à-dire l’ensem­ble des ressources (affec­tives, matérielles, économiques, spir­ituelles) mobil­isées par les sub­al­ternes, les gens de peu, pour faire compter leur voix, dans des espaces anéan­tis, hégé­moniques ; on peut aus­si par­ler de “tech­nique de soi” ou de “tech­nique de l’or­di­naire” pour repren­dre la belle for­mule de Daniele Loren­zi­ni, lecteur de Fou­cault, Hadot et Cavell, qui per­me­t­tent de répon­dre au pou­voir, dont la spé­ci­ficité est de se dis­tribuer dans notre quo­ti­di­en, d’en gér­er les aspects pra­tiques, affec­tifs, soci­aux. Pour faire face à ce pou­voir, nous devons dévelop­per des arts ou des tech­niques à son échelle : dis­tribuées, imma­nentes et ordi­naires. Çar ces arts ou ces tech­niques, con­traire­ment à ce qu’on pour­rait croire, ne relèvent pas du para-nor­mal ; bien au con­traire, elles relèvent d’un ordi­naire dont nous avons été privés et qu’il nous faut recon­quérir, pour retrou­ver notre puis­sance d’a­gir ; notre joie, comme dirait Deleuze. C’est ce à quoi je m’emploierai, via l’écri­t­ure, la décou­verte et l’ex­plo­ration d’un nou­veau monde : le “monde imag­i­nal”.

C’est d’abord avec ce qu’on appelle sociale­ment l’hyp­nose et l’au­to-hyp­nose, que j’ai eu accès à ce monde que je ne savais pas encore qual­i­fi­er comme tel il y a 6–7 ans. J’é­tais allé voir une hyp­nothérapeute, pour gér­er, comme tout le monde, des prob­lèmes de stress, d’anx­iété — au cours d’une séance, assez banale­ment, j’ai vu des images men­tales, fugi­tives, comme on peut en voir dans les rêves. Après quelques séances, l’hyp­nothérapeute m’a con­gédié avec un guide écrit, un doc­u­ment, une sorte de mode d’emploi à suiv­re, un pro­to­cole, pour dévelop­per cette tech­nique, que j’ai mobil­isée à plusieurs repris­es, pour faire des choix, pour accéder à des répons­es, sou­vent inédites et étranges, qui relèvent de proces­sus cog­ni­tifs bien iden­ti­fiés aujour­d’hui ; il y a de nom­breuses d’é­tudes neu­ro­sci­en­tifiques sur le sujet, plus ou moins intéres­santes, moins que plus d’ailleurs, sur l’hypnose1Mis à part François Rous­tang, les études sur l’hyp­nose sur assez pau­vres et déce­vantes ; il faut plutôt aller chercher du côté de la mys­tique, des expéri­ences à peu près sim­i­laires mais autrement qual­i­fiées. J’en prof­ite pour sig­naler un très beau cat­a­logue d’ex­po­si­tion sor­ti récem­ment : Pas­cal Rousseau (dir.), Hyp­nose. Art et hyp­no­tisme de Mes­mer à nos jours, Beaux-arts de Paris édi­tions, 2021.. Ma pre­mière approche était instru­men­tale — c’est la manière la plus usuelle et peut-être la plus pau­vre sans doute de mobilis­er ce que j’ap­pelais encore à cette époque “l’au­to-hyp­nose”.

Petit à petit, pour­tant, je me suis ren­du compte que je n’avais pas besoin de pos­er de ques­tions spé­ci­fiques pour voir et enten­dre — j’ai com­mencé à me redot­er de la tech­nique sans but spé­ci­fique, sans inten­tion par­ti­c­ulière ; je n’avais plus rien à répar­er, plus vrai­ment de prob­lème à résoudre — et c’est là que com­mence l’his­toire. Il me suff­i­sait d’être assis sur un canapé, de fer­mer les yeux, d’être atten­tif à mon envi­ron­nement sen­soriel pour com­mencer à enten­dre une voix, qui n’avait pas de tonal­ité spé­ci­fique — c’est celle que vous enten­dez, lorsque vous vous par­lez — c’est une voix qui a une his­toire depuis l’an­tiq­ui­té, une his­toire doc­u­men­tée, cri­tiquée, dénon­cée aus­si, notam­ment par la philoso­phie de Wittgen­stein : la “voix intérieure” qui ne serait qu’un mythe. Mais pour la pre­mière fois, je l’en­tendais de manière autonome, sans sol­lic­i­ta­tion, en faisant seule­ment de moi une terre d’ac­cueil ; en atten­dant.

Et l’at­tente est pro­duc­tive, comme nous l’ap­prend Beck­ett — il se passe beau­coup de choses pour qui sait atten­dre, dans les inter­valles, dans les silences qui sont des moments de lan­gage. J’ai beau­coup enten­du en atten­dant.

Au départ, c’é­tait des provo­ca­tions, des énon­cés poé­tiques, des con­seils à l’im­pératif, des propo­si­tions philosophiques, des haïkus. Je cite quelques exem­ples, par­mi un cor­pus d’une cen­taine de phras­es :

Le lieu des voix : le monde imaginal

Pro­gres­sive­ment, des élé­ments déic­tiques sont apparus, c’est-à-dire des indices spa­tio-tem­porels ; un champ de présence. Ce sont en général des élé­ments impor­tants, qui per­me­t­tent de se situer, d’in­ter­préter la sit­u­a­tion à par­tir de son cadre, de son con­texte, de son “envi­ron­nement”, comme on dit. Or, là, plus les indices étaient pré­cis, moins je savais où j’é­tais.

Quelques exem­ples :

On peut iden­ti­fi­er, ça et là, des réminis­cences, peut-être de la guerre du Liban ou je suis né, des bribes de con­ver­sa­tions remâchées, réélaborées, comme nous l’ap­pren­nent les psy­chothérapies, qui vont chercher, dans une démarche séman­tique, à établir un lien entre le vécu de la per­son­ne et sa topolo­gie cog­ni­tive — mais, à mon avis, il y a un gain plus impor­tant à les penser à par­tir d’un con­cept forgé par un islam­o­logue, Hen­ry Corbin, qui fut le 1er tra­duc­teur français d’Hei­deg­ger dans les années 50 et qui fut égale­ment un impor­tant philo­logue, spé­cial­iste de philoso­phie per­sane et arabe, dont l’in­flu­ence est encore très grande.

Hen­ry Corbin a large­ment con­tribué à redé­cou­vrir la méta­physique du monde musul­man, en pro­posant des tra­duc­tions et des com­men­taires d’au­teurs comme Ibn Ara­bi, suhrawar­di ou Mol­la Sadra. Dans la sec­onde pré­face (“Pour une charte de l’imag­i­nal”) d’un essai ini­tiale­ment pub­lié dans les années 50 (Corps spir­ituel et Terre céleste: de l’I­ran mazdéen à l’I­ran shî’ite, 2e éd. entière­ment révisée, Buchet/Chastel, 1979), il forge un con­cept pour qual­i­fi­er un monde auquel se réfèrent sans cesse les trois auteurs men­tion­nés. Ce monde, c’est le “monde imag­i­nal”, un monde inter­mé­di­aire entre le sen­si­ble et l’in­tel­li­gi­ble, qui cor­re­spond à un mode de con­nais­sance spé­ci­fique, qu’il appelle “imag­i­na­tion agente”, qui sécrète des visions autonomes, indépen­dam­ment d’in­fra­struc­tures socio-économiques ou socio-poli­tiques. Ce qui per­met à Corbin de dis­tinguer l’imag­i­na­tion agente, ou l’imag­i­nal, de l’imag­i­naire qui dans les années 50–60 est encore trib­u­taire d’une vision marx­iste — il s’ag­it de dénon­cer les imag­i­naires d’une société, c’est-à-dire les idéolo­gies, les fan­tasmes, les illu­sions qui la tra­versent et la tra­vail­lent. C’est encore une thé­ma­tique et un con­cept très présents dans la recherche uni­ver­si­taire, qui sont utiles mais à mon sens hégé­moniques — c’est un con­cept qui dis­qual­i­fie une par­tie, une grande par­tie, des expéri­ences que nous faisons au quo­ti­di­en, dans le som­meil, dans les pas­sages très fins d’un état sen­soriel à un autre, que la pen­sée taoïste, avec Tchouang-Tseu, avait par­faite­ment iden­ti­fiées et aux­quelles elle a su don­ner une place. Mais le “monde imag­i­nal” n’est pas qu’un état sen­soriel : c’est aus­si un lieu entre le sen­si­ble et l’in­tel­li­gi­ble, une géo­gra­phie où se man­i­fes­tent les révéla­tions, les épipha­nies, cap­tées par un “organe spir­ituel” qui, dans la tra­di­tion chré­ti­enne, pour­rait être le coeur par exem­ple — on dit bien qu’on voit mieux avec le coeur. Le dernier point à retenir est que le monde imag­i­nal, comme l’or­gane spir­ituel, est un inter­mé­di­aire : c’est un espace où les idées abstraites et les don­nées sen­si­bles sont réélaborées, sous une forme spé­ci­fique, imag­i­nale, qui mêle his­toire per­son­nelle, col­lec­tive, famil­iale, épopée, réc­it. Pour être clair, le monde imag­i­nal est un réser­voir de pos­si­bles, de poten­tial­ités2Voir Cyn­thia Fleury (dir.), Imag­i­na­tion, imag­i­naire, imag­i­nal, PUF, 2006., dans lequel nous pou­vons puis­er sans l’ex­ploiter pour réori­en­ter nos nar­ra­tions, à par­tir de ce qui émerge spon­tané­ment de ce monde et indépen­dam­ment de nous — ce qu’on pour­rait appel­er, avec Berg­son, la vie, ce “jail­lisse­ment con­tinu de nou­veautés”.

On trou­ve dans les philoso­phies de l’imag­i­na­tion, chez Bachelard, Jung ou Win­ni­cott, des con­cep­tu­al­i­sa­tions très proches3Jean-philippe Pier­ron, Les Puis­sances de l’imagination, Paris, Les édi­tions du Cerf, 2012., sous des ter­mes voisins, du fait de la cir­cu­la­tion du pla­ton­isme dans la pen­sée chré­ti­enne, alchim­ique, retrou­vée par ces penseurs dont fait par­tie Hen­ry Corbin — l’imag­i­na­tion créa­trice y est pen­sée comme ce qui inten­si­fie notre présence au monde en nous met­tant au con­tact de nos images intimes, qui ont la capac­ité de nous réveiller, pour peu qu’on les élève en nous afin de recevoir du monde un soi plus grand que soi. On trou­ve égale­ment, bien évidem­ment, dans l’an­thro­polo­gie écologique et notam­ment dans le chaman­isme sibérien ou mon­gol, des échos de cette pen­sée, qui fait de l’imag­i­na­tion un principe moteur4Charles Sté­panoff, Voy­ager dans l’in­vis­i­ble. Tech­niques chamaniques de l’imag­i­na­tion, Empêcheurs de de penser en rond, 2019. ; elle met en mou­ve­ment mais égale­ment au con­tact d’un ensem­ble d’êtres avec qui la com­mu­ni­ca­tion n’est pos­si­ble qu’à par­tir de ce mode de con­nais­sance — des êtres qui peu­vent être l’âme des plantes, des ani­maux, des minéraux ; mais égale­ment des morts qui n’ont pas moins d’existence5Pierre Déléage, “Ori­man­cie Sha­ranahua” dans Gérémia Comet­ti et al. (dir.), Au seuil de la forêt. Hom­mage à Philippe Desco­la. L’an­thro­po­logue de la nature, Totem, p 243–248. ; ils appa­rais­sent juste dif­férem­ment, sous une autre forme, sou­vent dif­fi­cile à iden­ti­fi­er, parce que nous nous ne dévelop­pons pas notre “organe spir­ituel” comme dirait Hen­ry Corbin. Jakob Bohome, le mys­tique du 16–17ème siè­cle, que Corbin tenait pour un équiv­a­lent des méta­physi­ciens iraniens, le dit explicite­ment dans De la vie au-delà des sens (édi­tions Arfuyen, 2013) :

Ta pro­pre ouïe, ton pro­pre vouloir, ta pro­pre vue, voilà ce qui t’empêche de voir et d’en­ten­dre.

J’ai mobil­isé le con­cept d’imag­i­nal de manière très impru­dente jusque-là, comme tant d’autres — dans les années 80 déjà, Corbin se réjouis­sait et s’in­quié­tait de la cir­cu­la­tion de son con­cept, sans l’ap­pareil­lage théorique, sans le con­texte his­torique et cul­turel, qui l’ac­com­pa­g­nait. Ses successeurs6Par exem­ple : Chris­t­ian Jam­bet, L’Acte d’être. La philoso­phie de la révéla­tion chez Mol­la Sadrâ, Fayard, 2002. ont insisté sur la néces­sité de penser le monde imag­i­nal comme un espace inter­mé­di­aire, spé­ci­fique à l’âme, où elle déploie des fac­ultés pro­pres, qui agis­sent d’elles-mêmes — le son enten­du dans un état de transe, d’hyp­nose, est certes la mémoire d’un son empirique, déjà enten­du ; mais il ne s’y réduit pas : ce son a des pro­priétés inédites — il peut voy­ager, se main­tenir, de manière autonome et spon­tanée, parce qu’il est la man­i­fes­ta­tion d’un principe moteur, imma­nent, en la per­son­ne de l’écri­t­ure.

Conquérir sa solitude

Les philosophes iraniens étudiés par Corbin sont formels sur ce point et fidèles en cela à l’héritage néo­pla­toni­cien et médié­val, pour lequel l’u­nivers est une théo­phanie, c’est-à-dire que ce qui est appelé Dieu se man­i­feste à tra­vers toute chose. On le retrou­ve en Occi­dent chez les mys­tiques, chez Maître Eck­hart par exem­ple, mais aus­si chez Swe­den­borg ou Novalis qui iden­ti­fie dans Les Dis­ci­plines à Saïs :

une grande écri­t­ure chiffrée qu’on ren­con­tre partout : sur les ailes, sur la coque des oeufs, dans les nuages, dans la neige, dans les cristaux.

J’aimerais repren­dre à mon compte cette idée, ce lieu com­mun, mais en le ren­ver­sant, en con­sid­érant que Dieu n’est qu’une manière, par­mi d’autres, de qual­i­fi­er ce qui se joue dans ce que j’ap­pellerai l’écri­t­ure imag­i­nale, cet être vivant, guéris­seur, puis­sant, div­ina­toire, à la fron­tière des mon­des, capa­ble de recon­fig­ur­er nos espaces soci­aux, famil­i­aux, ami­caux, grâce à sa mobil­ité, à la fois spa­tiale et tem­porelle, grâce à tout ce qu’il remet en jeu et en mou­ve­ment. C’est dire que l’écri­t­ure imag­i­nale relève de l’in­time, dans la déf­i­ni­tion qu’en donne maître Eckart, à la fois lieu, lien, rela­tion, prox­im­ité, soli­tude avec le divin7Eric Man­gin, Maître Eck­hart ou la pro­fondeur de l’in­time, Le Seuil, 2015. ou, si vous préférez, avec un principe act­if où para­doxale­ment per­son­ne n’est chez soi. Comme l’écrit Jakob Böhme, le mys­tique du 16–17ème s :

Si tu peux un instant t’élancer en ce lieu que n’habite nulle créa­ture, alors tu enten­dras

C’est-à-dire que la con­di­tion du lien est la con­quête de la soli­tude, qui ne se donne qu’aux plus offrants. Je résumerai ces thès­es par des for­mules, qui ont jail­li d’elles-mêmes il y a quelques mois :

Éléments d’écriture imaginale

Que peut-on atten­dre du monde imag­i­nal et de sa matéri­al­i­sa­tion dans l’écri­t­ure qu’il ani­me à son tour, qu’il viv­i­fie, si on la pense comme une scène graphique, énon­cia­tive, sociale et agen­tive, dans une déf­i­ni­tion que j’emprunte aux sémi­oti­ciens et que j’élar­gis à la ques­tion pra­tique et éthique. Je ne peux répon­dre que de manière par­tielle, à par­tir d’ex­péri­men­ta­tions flot­tantes, menées sans inten­tions par­ti­c­ulières — je me laisse guider lit­térale­ment par la matière, qui sait mieux que moi où aller. Comme Emi­ly Dick­in­son, la poétesse, “j’en­voie la vague pour recevoir la vague” et j’at­tends que les filets remon­tent avec des tré­sors.

Soin imaginal

Depuis l’an­née dernière, je pub­lie régulière­ment dans les espaces médi­a­tiques, sur Twit­ter, Insta­gram et Face­book, des phras­es extraites de séances d’au­to-hyp­nose. J’in­tè­gre générale­ment un “hash­tag”, c’est-à-dire un signe cli­quable qui per­met de retrou­ver l’ensem­ble de ces phras­es sous la même dénom­i­na­tion, à savoir : #hypno­gra­phie.

Je me suis petit à petit ren­du compte que ce terme était repris, qu’il cir­cu­lait mod­este­ment mais de manière con­tin­ue, répétée, qu’il com­mençait à faire ter­ri­toire, à découper dans des espaces très stan­dard­is­és une zone priv­ilégiée, où pou­vait s’ex­primer une parole autre. Je n’ai rien inven­té ; je me suis ici inspiré d’ac­tivistes du web qui choi­sis­sent d’in­ter­rompre les esthé­tiques dom­i­nantes des plate­formes d’écri­t­ure indus­trielles avec des pro­duc­tions légère­ment altérées, qui emprun­tent aux codes de ces espaces pour attir­er le cha­land, avant de le cap­tur­er, de lui pro­pos­er une voie, une lec­ture alter­na­tives.

Et en effet, quand sur­gis­sent ces phras­es icon­isées dans votre espace plus ou moins per­son­nel, sur twit­ter, sur Face­book, sur insta­gram, vous tombez sur des pro­duc­tions assez triv­iales, com­munes — on trou­ve sou­vent dans ces dis­posi­tifs doc­u­men­taires des cita­tions plus ou moins inspirées, des sen­tences au présent de vérité générale, des “formes gnomiques” comme dis­ent les spé­cial­istes. Avec un cadre graphique, on max­imise cepen­dant les chances d’être lus et repérés — j’ai donc artic­ulé une forme imag­i­nale, une phrase enten­due, à de la matière édi­to­ri­ale, indus­trielle ; et j’ai atten­du.

L’un des pre­miers à avoir réa­gi, peut-être le plus sur­prenant pour moi, est mon frère jumeau. Pourquoi sur­prenant ? Parce que mon frère jumeau n’a pas fait d’é­tudes supérieures, il n’a pas d’in­térêt par­ti­c­uli­er pour la lit­téra­ture et jusqu’à une péri­ode récente on ne com­mu­ni­quait pas, ce qui va à l’en­con­tre du mythe télé­pathique des jumeaux ; et pour­tant, c’est l’un des seuls de la famille à avoir man­i­festé de l’in­terêt, à avoir eu la générosité d’y chercher du sens. Il est notam­ment tombé sur cette phrase : “Il faut de l’herbe pour pouss­er”, qui est sans doute un sou­venir loin­tain de la dernière page du Can­dide de Voltaire. Mon frère m’a inter­rogé au cours d’une dis­cus­sion, me deman­dant mon avis sur cette phrase et plus générale­ment sur le monde, qu’il voit s’en­fon­cer chaque jour un peu plus dans le chaos. Il me demandait quoi faire, si on pou­vait faire quelque chose pour nos enfants. Je n’en avais aucune idée, mais je lui ai sug­géré, amusé, encour­agé par cette phrase, de com­mencer un potager avec sa fille pour pouss­er à leur tour, alors que la com­mu­ni­ca­tion sem­blait, là aus­si, frag­ilisée. Depuis un an main­tenant, ils récoltent des tomates, des con­com­bres, ils s’in­for­ment sur le rythme des saisons, se lais­sent instru­ire par elles qui m’in­stru­isent en retour, sans change­ment majeur dans notre inter­ac­tion, bien évidem­ment ; ce n’est pas un potager qui va régler des décen­nies d’in­com­préhen­sion mais, et c’est un peu impor­tant, quelque chose est désor­mais pos­si­ble , nous avons intro­duit une légère vari­a­tion dans le cycle infer­nal des répéti­tions. Dans la philoso­phie de Wittgen­stein, un pos­si­ble est une “occa­sion de faire sens”, c’est-à-dire que toute sit­u­a­tion de com­mu­ni­ca­tion est pré­caire, tou­jours men­acée par le monde social et ses pièges. Ici, nous avons plutôt choisi de rem­plir les blancs, les inter­valles, en nous jetant un pont. “Cette étin­celle, écrit quelque part le soci­o­logue Goff­man, et non l’amour sous ses formes les plus vis­i­bles, est ce qui illu­mine le monde.”

Ce que nous avons mutuelle­ment pra­tiqué relève de ce qu’une anthro­po­logue (Jean Hun­leth), spé­cial­iste de l’écri­t­ure des enfants, a appelé le “soin imag­i­nal” :

La chercheuse, qui a mené un ter­rain en Zam­bie, avec des enfants dont les par­ents sont atteints de VIH ou de Tuber­cu­lose, mon­tre que ces enfants font un usage inédit de leurs dessins pour échap­per aux sit­u­a­tions présen­tées comme inélucta­bles. Jean Hun­leth cite, entre autres, l’exemple de la petite Abby, une enfant de 10 ans dont la mère vient d’apprendre qu’elle est atteinte de tuber­cu­lose. Réu­nie autour d’elle, la famille éla­bore une stratégie pour faire face à cette annonce, sans les enfants. L’anthropologue trou­ve alors la petite Abby dans sa cham­bre, dessi­nant une mar­mite, un livre d’école, une bouteille de bière et une orange. Ces objets ren­voient respec­tive­ment à sa volon­té de faire à manger à sa mère, de con­tin­uer à aller à l’école, aux prob­lèmes d’alcoolisme de son père et à un cadeau onéreux qu’elle adresse à sa mère. Si l’enfant est con­sciente des lim­ites de son con­trôle sur la sit­u­a­tion, elle cherche néan­moins à par­ticiper au soin de son par­ent, même exclue des déci­sions. Com­ment qual­i­fi­er ces actes ? Jean Hun­leth forge le con­cept de “soin imag­i­nal” pour en ren­dre compte. Elle désigne ain­si la capac­ité des enfants à mobilis­er des ressources (dessins, comptines, jeux, etc.) pour agir sur le monde, le point­er du doigt, faire bouger les lignes grâce à des êtres situés entre le sen­si­ble et l’in­tel­li­gi­ble, qui per­me­t­tent de com­mu­ni­quer avec les adultes.

J’ai pu moi-même le véri­fi­er avec un dessin que mon neveu m’a fait l’an­née dernière — un dessin a pri­ori banal, à coller sur un frigidaire :

Le lende­main, en me réveil­lant, je me suis approché du dessin et j’ai remar­qué quelque chose que je n’avais pas vu, parce que je ne l’avais pas encore regardé affiché, pro­jeté — il y a avait dess­iné un petit livre, au cen­tre d’un dessin sur­chargé de coeurs, où on pou­vait iden­ti­fi­er un tout petit livre sur lequel était écrit : “Ton­ton et Ilan, les deux héros de la terre — écrit par Ilan Jah­jah”. Ce qui est remar­quable, c’est que j’ai à mon tour rêvé de cette aven­ture, de ce livre, que je lui en ai fait part et que la con­ver­sa­tion, via des dis­posi­tifs doc­u­men­taires et des topolo­gies men­tales, se pour­suiv­ent aujour­d’hui. On a affaire à ce que Mer­leau-Pon­ty aurait appelé des “unités d’empiètement” voire même, j’ose le terme, des “unités d’en­quête­ment” : le monde imag­i­nal, l’écri­t­ure pen­sée comme une théoso­phie, nous met en ten­sion inter­pré­ta­tive et dans une quête douce et pais­i­ble de recherche de sens, où s’éla­borent con­join­te­ment la quête, l’en­quête, la carte et le ter­ri­toire.

Ethique : voir le visible

J’ai com­mencé à men­er cette enquête col­lec­tive avec des étudiant.e.s autour des phras­es qui sur­gis­sent régulière­ment, pour voir com­ment nous nous écoulons les uns dans les autres, com­ment nous nous reélaborons, com­ment nous devenons pour les autres des textes qu’ils intè­grent à leur mytholo­gie per­son­nelle, inscrivent dans leur sup­port infor­ma­tique et pour­suiv­ent ain­si l’ef­fort d’in­car­na­tion, de cir­cu­la­tion, des pro­priétés du monde imag­i­nal. Un exem­ple avec cette phrase : “Je suis ton oeil”, sur­v­enue l’an­née dernière et retra­vail­lée par Radia, une étu­di­ante de la licence édi­tion jeunesse que je dirige. D’autres étu­di­antes (Valen­tine) ont pro­posé des textes et d’autres exer­ci­ces, que je n’avais pas anticipés : la descrip­tion de leur gre­nier, de ce qu’elles ont appelé leur “lieu imag­i­nal”, lieu de refuge, mais égale­ment lieu-rêve, situé à l’in­ter­monde :

Ce qui me frappe dans ces exem­ples, c’est l’at­ten­tion portée à l’in­vu, à un monde qui compte mais que nous ne savons plus faire compter et qu’il nous appar­tient, par des tech­niques imag­i­nales, de défendre, parce qu’il nous défend en retour, en jetant des ponts, certes, mais en érigeant égale­ment des digues , des lignes de défense. En ce sens, l’at­ten­tion à l’or­di­naire rejoint ici le pro­gramme d’une éthique, au sens de Wittgen­stein ou d’I­van Illich, comme l’af­fûte­ment des organes, comme “l’investigation du sens de la vie, ou ce qui rend la vie digne d’être vécue”.

Ecrire avec les morts

Dernier exem­ple de ce que nous pou­vons atten­dre du monde imag­i­nal, en écrivant pour et avec les morts. C’est une propo­si­tion for­mulée par des chercheuses fémin­istes et queers, qui pra­tiquent une forme de trou­ble dans les épisté­molo­gies uni­ver­si­taires. Dans un arti­cle pub­lié récem­ment, dans la revue Aus­tralian Femnin­ist Stud­ies, trois d’en­tre elles, Hema’ny Moli­na Var­gas, Cami­la Maram­bio et Nina Lykke écrivent à la terre, aux petits-enfants, au gou­verne­ment, à leurs morts. Dif­fi­cile, l’article est un hom­mage à un peu­ple amérin­di­en, les Selk­nam, his­torique­ment exter­minés par le gou­verne­ment chilien, qui fait aujourd’hui l’objet de com­mé­mora­tions dont les autri­ces esti­ment qu’elles relèvent d’une mélan­col­ie indé­cente, human­iste, colo­niale et d’un rap­port au temps où le passé, clos, peut être célébré, jusqu’à la nausée. Au con­traire, elles pro­posent de faire des morts des lignes de crois­sance, qu’on peut nouer aux pieds des vivants en les con­vo­quant lors d’assemblées poli­tiques, en se mon­trant fidèles à leur vis­age, en reviv­i­fi­ant les généalo­gies pour trans­gress­er les pra­tiques du deuil et les his­toires nationales con­fort­a­bles. Une manière de résis­ter face aux nécrop­oli­tiques, c’est-à-dire à l’ensem­ble des proces­sus par lesquels un cer­tain nom­bre d’êtres sont poussés dans la mort, parce que leur vie est jugée moins digne, comme les migrants ou les ani­maux. L’une des répons­es pos­si­bles, pour réveiller une opin­ion publique léthargique, est pré­cisé­ment de con­vo­quer des êtres imag­in­aux, situés à la fron­tière des mon­des, qui les trans­gressent régulière­ment, qui nous vis­i­tent dans nos rêves — une fois invo­qués, ces êtres ont une puis­sance d’ac­tion sur le monde ; ils nous amè­nent à enquêter sur nos généalo­gies, à créer du liant entre les mem­bres d’une famille, à renouer avec d’an­ci­ennes lignées là où du sens est resté figé.

C’est donc un pro­gramme poli­tique, au sens de Pla­ton (Le Poli­tique) : puisque le vête­ment du tis­serand a été mal tis­sé, il nous faut le défaire et engager de nou­veaux fils, de nou­velles alliances, par­fois impro­pres, étranges.

Conclusion et propositions

Au terme de ce par­cours, qui n’est qu’une esquisse bricolée à ce stade, vous aurez com­pris que l’écri­t­ure imag­i­nale n’est rien d’autre que l’écri­t­ure, telle qu’elle est pen­sée dans ce sémi­naire. Elle a des pro­priétés énon­cia­tives, matérielles, actantielles mais égale­ment agen­tives, inter­mé­di­aires ; elle est entre les mon­des, entre le vis­i­ble et l’in­vis­i­ble, entre les vivants et les morts. Le détour par le monde imag­i­nal m’a seule­ment per­mis d’aller là où nous étions depuis le départ. Autrement dit : l’écri­t­ure est un attrib­ut du monde imag­i­nal ; sa man­i­fes­ta­tion la plus écla­tante ; elle porte d’e­spaces en espaces, de mains en mains, sa grande con­fu­sion, la parole qui déroute, qui trompe les sens et per­met d’ac­céder à un autre type de sen­so­ri­al­ité, plus accueil­lante avec le présent, la con­tra­dic­tion, l’indéter­mi­na­tion, le vague.

Des vies imaginaires aux vies imaginales

Je m’ar­rêterai avec un pro­gramme, celui d’écrire des “vies imag­i­nales”. Le genre des “vies” dans la lit­téra­ture est très célèbre, de Dio­gène Laërce jusqu’à Pierre Michon et ses vies minus­cules en pas­sant par les Vies imag­i­naires de Schwob, qui restent indé­pass­ables. Depuis quelque temps en effet, je n’en­tends plus seule­ment des phras­es mais des noms et prénoms ; celui de “Claude Ser­ret” a émergé et m’a plongé dans une nou­velle enquête sur sa vie pos­si­ble dont je décou­vre l’am­pleur en con­sul­tant les archives départe­men­tales sur Google Livres, dont je décou­vre l’adresse sur Google Maps et Google Earth, à par­tir desquels j’écris, grâce aux images, aux vis­ages, aux rues qui appa­rais­sent, four­nissent des embrayeurs fic­tion­nels, dynamisent l’e­space du rêve qui les dynamique en retour — c’est une cir­cu­la­tion infinie, où passe égale­ment le pou­voir.

Com­ment men­er cette enquête et com­ment la qual­i­fi­er ? Je l’ai dit, on a affaire à une unité d’empiètement ou d’en­quête­ment, dans laque­lle nous nous coulons, humains, doc­u­ments, algo­rithmes, les uns dans les autres. On pour­rait par­ler d’une polyvo­cal­ité : nos voix sont pris­es les unes dans les autres ; elles s’oblig­ent, se tis­sent ensem­ble, s’écrivent mutuelle­ment et par­fois les unes con­tre les autres. Aujour­d’hui, votre voix est dans la mienne ; la mienne est dans la vôtre : nous n’al­lons plus cess­er de con­vers­er, de rêves en rêves, de dis­cus­sions en dis­cus­sions, de sup­ports en sup­ports, de manière dis­con­tin­ue. Le para­doxe, c’est que cette polyvo­cal­ité se fait aus­si avec des sup­ports d’écri­t­ure, qui écrivent les voix. Pour men­er mon ethno­gra­phie du monde imag­i­nal, vu les états dans lesquels met­tent la transe, je suis obligé de recourir à des sup­ports d’en­reg­istrement (des mag­né­to­phones, des car­nets) qui, à leur tour, s’imag­i­nalisent, passent dans les rêves, dans la transe, les ampli­fient et ain­si de suite.

De l’auto-hypnose à la conversation écologique

C’est l’autre dimen­sion de ma con­clu­sion. Il n’est plus pos­si­ble, à ce stade, de par­ler d’ ”auto-hyp­nose” : on voit bien que c’est un proces­sus beau­coup plus large qui est en jeu, qui engage un col­lec­tif d’en­tités. Je pro­pose donc plutôt le con­cept de con­ver­sa­tion écologique, qui désigne le plaisir à pass­er du temps avec des êtres de toute sorte, dans une écolo­gie des rela­tions et dans une atten­tion si grande portée à l’en­vi­ron­nement que nous dis­parais­sons un moment. Un vers de Georges Schehadé, le poète libanais, éclaire mer­veilleuse­ment bien ce qu’est l’hyp­nose ou la “con­ver­sa­tion écologique”. Il écrit : “le poids des pommes fondait dans l’om­bre”. Il faut s’imag­in­er une fin d’après-midi sur une ter­rasse, lorsque le jour décline et que nous rapetis­sons tous pro­gres­sive­ment, que nos vis­ages fondent à l’ar­rière-plan, pen­dant que nous con­tin­uons à con­vers­er dans une lente et pro­fonde com­mu­nion.

Il y a du plaisir à pass­er du temps avec tous ces êtres ; mais il ne sont pas inof­fen­sifs ; j’ai été con­fron­té à l’un deux et, pour une fois, une seule fois, cepen­dant suff­isante, j’ai eu peur. Depuis, je dois dormir et men­er mon enquête avec un tal­is­man, que m’a offert une amie qui m’est très chère. Avant de sor­tir de la transe con­ver­sa­tion­nelle dans laque­lle vous êtes plongés sans le savoir depuis le début, qui est un proces­sus clas­sique et banal lors des con­férences, je vous deman­derai de regarder quelques instants ce tal­is­man, pour repar­tir indemne de ce tem­ple, pour voy­ager à votre tour en vous allégeant, en renonçant à votre pou­voir pour ren­tr­er dans le cer­cle et dans la danse :

Notes   [ + ]

1. Mis à part François Rous­tang, les études sur l’hyp­nose sur assez pau­vres et déce­vantes ; il faut plutôt aller chercher du côté de la mys­tique, des expéri­ences à peu près sim­i­laires mais autrement qual­i­fiées. J’en prof­ite pour sig­naler un très beau cat­a­logue d’ex­po­si­tion sor­ti récem­ment : Pas­cal Rousseau (dir.), Hyp­nose. Art et hyp­no­tisme de Mes­mer à nos jours, Beaux-arts de Paris édi­tions, 2021.
2. Voir Cyn­thia Fleury (dir.), Imag­i­na­tion, imag­i­naire, imag­i­nal, PUF, 2006.
3. Jean-philippe Pier­ron, Les Puis­sances de l’imagination, Paris, Les édi­tions du Cerf, 2012.
4. Charles Sté­panoff, Voy­ager dans l’in­vis­i­ble. Tech­niques chamaniques de l’imag­i­na­tion, Empêcheurs de de penser en rond, 2019.
5. Pierre Déléage, “Ori­man­cie Sha­ranahua” dans Gérémia Comet­ti et al. (dir.), Au seuil de la forêt. Hom­mage à Philippe Desco­la. L’an­thro­po­logue de la nature, Totem, p 243–248.
6. Par exem­ple : Chris­t­ian Jam­bet, L’Acte d’être. La philoso­phie de la révéla­tion chez Mol­la Sadrâ, Fayard, 2002.
7. Eric Man­gin, Maître Eck­hart ou la pro­fondeur de l’in­time, Le Seuil, 2015.