Mes parents vivent à une trentaine de km de Marseille maintenant, après 30 ans passés dans le 8ème arrondissement près de la mer, du parc Pastré et du lycée Marseilleveyre. Ils sont partis sans regrets — nous n’aimions pas beaucoup ce “petit appartement à l’horizontal” à qui j’envoyais des lettres.
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L’actuelle maison n’est pas tellement plus grande ; il n’y a pas d’étage, contrairement à l’ancienne ; elle est juste posée (“on peut dire qu’on est au vert”), comme un oiseau immobile sur un ciel clos.
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et je me demandais en me douchant, avec ses nouveaux murs, son portail et ses frontières de plantes qui du jardin ou de la maison entoure l’autre.
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Avant d’aller se coucher, à moitié endormie sur le canapé devant la télé, il arrive à ma mère de dire : “oui oui je monte me coucher”. Moi-même je me surprends à me lever pour aller fermer sa toute petite chambre d’appoint fraîchement aménagée, quand le son est trop fort, répliquée sur le modèle de l’ancienne ; mais sans porte.
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C’est une unité d’empiètement : elle s’accroît comme un jeune géant, s’étend, s’écoule d’un lieu à l’autre.
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Nous pensions l’avoir facilement quittée mais elle se rappelle tous les jours à nous — la petite maison tant méprisée résiste à l’oubli ; à la négligence de ses anciens occupants : car nous n’en étions pas les propriétaires ; c’est elle qui nous possédait.