Métier que peu de gens comprennent et parfois “méprisé” des docteurs-médecins (pas sur le terrain, pas de contact direct avec le patient ; reste dans son labo), même s’ils reconnaissent qu’il est fondamental. En effet, l’anapath est le seul capable de déterminer la nature d’une anomalie, à l’aide d’un ensemble d’instruments intellectuels (hypothèses, faisceaux d’indices, etc.) et matériels (microscopes, livres, carnets, échantillons, etc.). Si une tumeur peut être jugée bénigne à l’oeil nu ou par le toucher par un urologue par exemple, elle doit être prélevée par ce dernier puis analysée par l’anapath, qui pourra déterminer si les cellules se comportent de manière anormale ou non en les comparant à des catégories stabilisées.
Pour t’expliquer, c’est comme si tu jouais à un Sim City apocalyptique. Le matin, t’as une livraison d’un bout d’organe puis des tas de petites mains s’activent pour le traiter et me l’amener sous une autre forme. C’est une ville, avec son architecture, ses parcours, ses indications, ses métiers ; mais une ville ravagée par un cataclysme et je dois comprendre ce qui est arrivé.
Ce métier est au coeur de processus sociaux et matériels complexes : du prélèvement à son analyse microscopique, le tissu anatomique suit une trajectoire transformative ; chaque main, chaque métier, chaque savoir-faire qui s’en emparent s’inscrit dans une chaîne opératoire qui le fait passer d’un état, d’une forme à l’autre. Chirurgien, coursier, infirmier…la tumeur déplie un paysage de compétences, de gestes, d’actions dépendants les uns des autres : plus que l’anapath, elle est l’acteur principal de la scène médicale.