Métiers | (2) “Pour te dire, c’est comme si tu jouais à un Sim City apocalyptique”

Anapath marseille - 1

Méti­er que peu de gens com­pren­nent et par­fois “méprisé” des doc­teurs-médecins (pas sur le ter­rain, pas de con­tact direct avec le patient ; reste dans son labo), même s’ils recon­nais­sent qu’il est fon­da­men­tal. En effet, l’ana­p­ath est le seul capa­ble de déter­min­er la nature d’une anom­alie, à l’aide d’un ensem­ble d’in­stru­ments intel­lectuels (hypothès­es, fais­ceaux d’indices, etc.) et matériels (micro­scopes, livres, car­nets, échan­til­lons, etc.). Si une tumeur peut être jugée bénigne à l’oeil nu ou par le touch­er par un uro­logue par exem­ple, elle doit être prélevée par ce dernier puis analysée par l’ana­p­ath, qui pour­ra déter­min­er si les cel­lules se com­por­tent de manière anor­male ou non en les com­para­nt à des caté­gories sta­bil­isées.

Pour t’ex­pli­quer, c’est comme si tu jouais à un Sim City apoc­a­lyp­tique. Le matin, t’as une livrai­son d’un bout d’or­gane puis des tas de petites mains s’ac­tivent pour le traiter et me l’amen­er sous une autre forme. C’est une ville, avec son archi­tec­ture, ses par­cours, ses indi­ca­tions, ses métiers ; mais une ville rav­agée par un cat­a­clysme et je dois com­pren­dre ce qui est arrivé.

Ce méti­er est au coeur de proces­sus soci­aux et matériels com­plex­es : du prélève­ment à son analyse micro­scopique, le tis­su anatomique suit une tra­jec­toire trans­for­ma­tive ; chaque main, chaque méti­er, chaque savoir-faire qui s’en empar­ent s’in­scrit dans une chaîne opéra­toire qui le fait pass­er d’un état, d’une forme à l’autre. Chirurgien, cour­si­er, infirmier…la tumeur déplie un paysage de com­pé­tences, de gestes, d’ac­tions dépen­dants les uns des autres : plus que l’ana­p­ath, elle est l’ac­teur prin­ci­pal de la scène médi­cale.