Nous sommes fatigués. Tout s’use : nos corps, nos plantes, nos poumons, notre langue ; la pierre dans ma bouche n’a plus de goût. Donnez-nous une terre de repos — un sol tiède où manger sous un figuier — une montagne immortelle à aimer.
fille de l’olivier
les taupes t’ont ravie
aux montagnes
empierré ton image
au matin
dans une tassesouviens-toi
de la terre fidèle
à tes mains
du thym du pin
des guêpes
des figues écraséessouviens-toi
des après-midis
sans pain
de ta mère
qui dormait
sur un sol tiède
l’étélà où tu es
c’est ton sentier
moitié hêtres
moitié chênes
tu règneras un jour
sur le monde
pauvre et muet
où s’alourdissent les pierres
où les cigales se changent en criquet