(à C.)
Elle ne répond plus : les solutions proposées (se coucher plus tôt, mieux s’organiser, etc.) achoppent, butent contre la dureté du réel qu’elle ne parvient plus à infléchir pour l’inscrire dans un projet ou un devenir.
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Elle vit une épreuve, au sens sociologique du terme : parce que son monde chancèle, se dérobe, fuit, elle va jusqu’à douter de son attitude et de ses perceptions (“je sais pas, t’en penses quoi toi ?”) à l’égard de ce qui se présente comme le réel.
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D’où vient que ce réel ne nous apparaît jamais comme violent et inapte ? D’où vient que nous cherchions à lui répondre en nous adaptant nécessairement ?
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Dans l’espace des dispositions rythmiques, nous dénoncerons la prétention de ce réel à être le réel.
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Parce qu’elle n’a eu d’autre choix que d’aller au-delà d’un seuil raisonnable d’adaptation, elle est proche de la rupture ; elle menace de casser en deux1Jean-Loup Chrétien, Fragilité, Editions de Minuit, 2017. : elle est en situation de fragilité rythmique.
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Comment ce réel est-il parvenu à se faire passer pour le réel ? À quel jeu de langage a‑t-elle joué avant d’en oublier les règles et le caractère conventionnel ?
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La fragilité rythmique est l’impossibilité de répondre à ce réel autrement qu’en s’y adaptant.
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C’est un jeu d’épuisement corporel : elle est suffisamment au bord de la rupture pour en éprouver les effets négatifs mais pas encore assez pour renoncer à s’épuiser.
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Nous sous ne sommes pas condamnés à être les ventriloques de ce réel.
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Dans l’espace des dispositions rythmiques, nous converserons, nous lui donnerons du temps ; nous l’aiderons à parler sa parole.
Notes
1. | ↑ | Jean-Loup Chrétien, Fragilité, Editions de Minuit, 2017. |