Une époque de grande fatigue

Nous sommes fatigués. Tout s’use : nos corps, nos plantes, nos poumons, notre langue ; la pierre dans ma bouche n’a plus de goût. Don­nez-nous une terre de repos — un sol tiède où manger sous un figu­ier — une mon­tagne immortelle à aimer.

Téta - 1925-2021

fille de l’olivier
les tau­pes t’ont ravie
aux mon­tagnes
empier­ré ton image
au matin
dans une tasse

sou­viens-toi
de la terre fidèle
à tes mains
du thym du pin
des guêpes
des figues écrasées

sou­viens-toi
des après-midis
sans pain
de ta mère
qui dor­mait
sur un sol tiède
l’été

là où tu es
c’est ton sen­tier
moitié hêtres
moitié chênes
tu règn­eras un jour
sur le monde
pau­vre et muet
où s’alourdissent les pier­res
où les cigales se changent en cri­quet